Tonga Mboka...

Stoppé dans son élan en 2017 pour un concert à la Cigale. Le chanteur congolais, Fally Ipupa revient en force à l’AccorHotels Arena le 28 février 2020 pour un show mouvementé. Aussi bien par la prestation très rythmée à l’image de la musique congolaise que par le semi-chaos provoqués par les combattants de la diaspora.

 

Une nouvelle décennie pour marquer l’histoire. Objectif atteint par le chanteur africain le plus écouté au monde. Fally Ipupa a enflammé la scène parisienne avec son premier concert en tant qu’artiste solo. Après le coup d’envoi des artistes Robinho Mundibu, Gaz Mawete, Master Virus et Deejay Merco, un grand aigle surgit. Signe que le spectacle peut commencer.

Sous les airs de « La vie est belle », dans une salle remplie de 20’000 personnes en délire, celui que l’on surnomme « El Maravilloso » arrive et débute sa chanson. Il enchaîne pendant plus de deux heures, et entre même dans une improvisation en lingala lors de son duo avec Dadju. « Le concert, en lui-même, était bien ! Après, il était court parce que nous, les Congolais, sommes habitués à avoir quelque chose d’assez long. Là, il a duré deux heures, deux heures quinze. C’était pas suffisamment fourni pour les Congolais, mais c’était bien… Malheureusement, Fally Ipupa a fait que le 70% de ce qu’il avait prévu. Moi, j’ai pu voir la totalité de son spectacle à huis-clos », déclare Mpiana Yona Kabamba, ami proche de l’artiste.

@28février, Fally Ipupa à Paris

Généralement, les concerts congolais durent une à deux heures de plus. Au pays. En Afrique. En Europe. Lors du Bercy, actuel AccorHotels Arena, de Koffi Olomide et de Quartier Latin en février 2000, le concert commençait à minuit pour se terminer à six heures du matin. Plusieurs artistes y avaient participé, ce qui explique la durée impressionnante du spectacle. Le chanteur est arrivé sur scène aux alentours de 21h .

 

 « Stop à la guerre »

Conscient de la situation présente au nord-est de son pays, à Beni notamment, Fally Ipupa rappelle à ses fans qu’il soutient les citoyens congolais. Et que l’amour est plus fort que tout. C’est d’ailleurs un sujet récurrent dans ses titres. « Fally chante l’amour. Il fait énormément de métaphores. Il ne chante ni la haine ni la violence », poursuit Mpiana Yona Kabamba.

La haine et la violence se retrouvent plutôt à l’extérieur, dans les rues, près de la salle de concert. Dans un décor presque apocalyptique : voitures cassées, incendies à la Gare de Lyon, insultes, bagarres. Certains congolais de la diaspora, appelés « les combattants » sont venus semer le trouble afin d’exprimer leur mécontentement quant au déroulement du spectacle. Ils accusent le chanteur d’être proche de l’ancien président de la RD Congo, Joseph Kabila et de l’actuel chef d’État Félix Tshisekedi. Pour cette raison ils empêchent les musiciens de faire des show en Europe.

@Fally Ipupa à l’AccorHotels Arena

« C’est dommage qu’ils aient mélangé la musique et la politique. C’est comme si on accusait Pascal Obispo d’être pour Lepen », se désole Glenn Lelo, associé chez LM Corporation. Une intolérance face aux opinions diverses persiste, mais l’heure est au changement. « Il faut faire bouger les choses de gré ou de force, donc ce n’est pas à une minorité d’individus qui va décider pour l’entièreté de la communauté congolaise si le concert doit avoir lieu ou pas », affirme l’ami proche de Fally Ipupa. Ce dernier a notamment fait appel au préfet de la police pour bloquer les combattants à l’entrée de l’AccorHotel Arena.

Ouverture culturelle

« L’histoire est écrite, des générations entendront parler de ça », écrit Kabuya, l’un des animateurs de Fally Ipupa, sur Instagram. Les artistes congolais n’ont plus fait de concert en Europe depuis une décennie. Le dernier étant le Zénith de Werrason en mars 2010. L’ancienne génération de musicien a eu sa période de gloire à l’internationale. La nôtre est marquée par ce concert du 28 février.

Les jeunes artistes actuels peuvent avoir l’espoir de se produire à Paris notamment grâce à cette porte ouverte. Les mots de Mpiana Yona Kabamba sont sans appel : « quand on regarde aujourd’hui, dans la communauté africaine, c’est le seul artiste francophone qui véhicule le rêve africain… Il pousse les gens à travailler. Il met en valeur ses origines. Il montre une image d’une personne vaillante, conquérante, qui n’a peur de rien et qui veut vivre son rêve ». À travers ce rêve, la culture musicale congolaise prend un nouvel élan. Elle est différente, plus moderne, mais garde ses basiques : ndombolo, soukous et rumba. Les gens s’y intéressent et peuvent la connaître davantage grâce à de tels événements. Comme le souligne Glenn Lelo : « la culture revit ! »

 

@Fally Ipupa, Bercy 2000

Nicky KABEYA

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