Tonga Mboka...

 

Autoproclamé « Ministre des Poubelles », l’artiste congolais Emmanuel Botalatala récupère les immondices dans les rues de Kinshasa depuis presque 40 ans. De sa «poubelle », il crée de l’art. Après trois années passées à suivre son parcours, le journaliste et réalisateur belge Quentin Noirfalisse, fin connaisseur du Congo en dresse le portrait.

 

 

Quelque part dans la banlieue sud-est de Kinshasa, à Kimbanseke, se trouve un artiste surprenant : Emmanuel Botalatala est le « Ministre des Poubelles ». Ce nom n’est pas un poste officiel au gouvernement. C’est un surnom, choix assez ironique, qu’il s’est lui-même donné. Un artiste unique en son genre, qui produit des tableaux d’éducation et de conscientisation populaires avec un matériau original : les déchets de la ville.

Et on peut dire que des déchets, Kinshasa n’en manque pas, elle qui, autrefois appelée ‘Kin, la Belle’,  est désormais ‘Kin-Poubelle’ aux yeux de ses habitants. La mégapole africaine, qui dépasse largement  les dix millions d’habitants, produit entre 7000 et 10  000  tonnes  de déchets par jour. Et 90 % ne sont pas gérés correctement. Ils terminent donc le plus souvent dans les caniveaux, sur les trottoirs et parfois même sur la route.

 

Emmanuel Botalatala et ses deux apprentis Richi Sungu et Eric Lombo les ramassent alors pour les ressusciter sous forme d’œuvres d’art. « Il faut tout recycler», clame le ‘Ministre’. Et pas que les déchets mais aussi les villes, les hommes et les états d’esprit, afin de construire le Congo de demain. « L’homme, lui-même, est l’auteur de la destruction de son environnement. Les ambitions démesurées de l’homme nous ont conduit jusqu’ici. L’Onu, les institutions européennes, l’Union africaine: tout est à recycler. ».

 

Outre leur dimension artistique, les œuvres d’Emmanuel ont donc pour ambition d’interpeller ses concitoyens sur des enjeux comme la corruption politique, l’exploitation des ressources du pays par les anciennes puissances coloniales ou encore la question environnementale.

 

Aujourd’hui, cet artiste qui est épaulé par sa femme Marguerite et ses apprentis, rêve de créer un centre culturel pour y sauver son œuvre et former les ‘Ministre des poubelles’ de demain.


Johanna BUKASA MFUNI

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