Tonga Mboka...

En cette rentrée mouvementée, les rapports parents-enfants ont été bouleversés. Les enfants sont plus présents à la maison et les parents aussi. On se cherche, on cohabite, on doit trouver une nouvelle harmonie familiale. On hésite pour cela entre plusieurs modèles parentaux. Notre modèle traditionnel africain a certes fait ses preuves mais on souhaite aussi intégrer des nouvelles idées, des nouveaux concepts pour multiplier leurs réussites futures. Une chose est sûre, le rapport parent-enfant sont devenus beaucoup plus complexes.

Congo Na Paris a donc sollicité Bénédicte Diangani pour nous donner quelques clés pour une rentrée scolaire et des rapports parents-enfants réussis.

Bonjour Bénédicte, pourrais-tu te présenter pour le public de Congo Na Paris stp ?

Je me présente, je me nomme Bénédicte DIANGANI, Coach familial et scolaire, Présidente-fondatrice de l’association La Maison des Choupiis, Professeure des écoles.

Issue d’une famille d’origine congolaise de quatre enfants, je m’occupais souvent de mes neveux et les petits bouts de mes voisins ou de mes amis.  J’ai donc développé une passion débordante pour les enfants. Puis, j’ai tout naturellement eu l’idée de passer mon B.A.F.A et d’acquérir davantage d’expériences : centre de loisirs et de vacances, fille au pair en Angleterre, soutien scolaire, assistante d’éducation en école privée…

Parallèlement, je me suis orientée vers des études juridiques avec un Master I en Droit International puis vers les Ressources Humaines avec l’obtention d’un Master II Management de Projet et Stratégies RH. J’ai eu ainsi l’opportunité d’intégrer de grandes entreprises.  Ces expériences ont été enrichissantes mais je sentais que je n’étais pas à ma place. 

Je me suis réorienté, j’ai obtenu mon Certificat d’Aptitude Professionnelle à la Petite Enfance et je me suis inscrite à des Formations professionnelles Montessori pour les enfants de 0 à 3 ans et de 3 à 6 ans. Par la suite, je suis devenue enseignante

« Pour exercer toutes ces missions, j’ai saisi la richesse de ma double culture africaine et occidentale pour trouver des principes d’éducation pertinents et surtout dans l’intérêt de l’enfant.»

Pourrais-tu nous parler davantage de la maison des CHOUPIIS ?

A travers l’association LA MAISON DES CHOUPIIS, j’ai voulu créer un lieu consacré à l’épanouissement de l’enfant. L’association accueille des ateliers dédiés aux jeunes enfants de 2 ans et demi à 7 ans ainsi qu’à leurs parents. J’ai ciblé la petite enfance car « l’enfant est la partie la plus importante de la vie de l’adulte » (Maria Montessori). En effet, c’est au plus jeune âge que se forge la personnalité du futur adulte, il est donc primordial de veiller à ce qu’il puisse avoir le plus d’attention, d’affection et de compréhension possible. Nous conseillons les parents en prenant en compte le bien-être de l’enfant ceci dans le but de renforcer les liens parent-enfant. 

En dehors des CHOUPIIS, tu es aussi coach au sein des familles et scolaire, pourrais-tu nous en parler davantage stp ?

J’interviens aussi à mon compte au sein des familles afin d’aider les parents à améliorer leur relation avec leur enfant. Je les accompagne afin qu’ils puissent se fixer des objectifs et les atteindre de manière bienveillante.  

J’accorde également une attention toute particulière à l’enfant en difficulté scolaire en lui apportant une méthode d’apprentissage adapté à son rythme. Mon but : développer sa confiance en soi et prendre conscience de son potentiel.

On dit que chaque enfant est une bénédiction, comment vois-tu les choses ?

Définitivement !

« Lorsqu’un enfant faisait ou disait quelque chose de remarquable, j’entendais souvent ma mère citer en lingala ce proverbe congolais qui dit qu’un enfant peut battre le tambour et faire danser les grands »

Plus jeune, je n’en comprenais pas vraiment le sens, jusqu’au jour où étant adulte, je lui ai demandé la signification. Elle m’a alors répondu : « que l’enfant peut être talentueux et être de très bons conseils pour ses aînés ». Cette anecdote pourrait vous paraître anodine, cependant elle vous permettra de comprendre pour quelle raison l’épanouissement de l’enfant et celui de ses parents sont ma mission de vie.

Quels sont selon toi les atouts de l’éducation africaine sur les enfants ?

Nous avons tant de savoir-faire ancestraux que nos mamans nous ont transmis, de génération en génération, en Afrique tels que : le portage, les massages dès la naissance du bébé, l’autonomisation et la responsabilisation des tâches domestiques au plus jeune âge et bien d’autres aptitudes que l’on ne retrouve pas en Occident. Ce sont donc des trésors.

Que penses-tu qu’il serait bon d’améliorer dans l’éducation africaine ?

Je pense que l’on devrait faire des efforts sur les points suivants au sein de la communauté :

  • Remplacer la position ultra dominante de l’adulte où l’enfant n’a pas son mot à dire et tendre davantage vers une culture de dialogue parent-enfant,
  • Refuser d’utiliser la coercition systématique,
  • Travailler sur l’expression de l’affection au sein de la cellule familiale,
  • Créer davantage de moments de complicité entre les parents et les enfants,

Raison pour laquelle, j’aide les familles dans le domaine du Coaching en Parentalité Positive.

En tenant compte de tes remarques, comment pourrait-on susciter davantage d’épanouissement dans nos familles ?

« Mes conseils aux parents : n’ayez pas honte de faire appel à des professionnels »

Nous vivons actuellement une époque où le parent issu de la diaspora africaine se questionne de plus en plus sur ses origines, la manière dont il a été élevé, les valeurs qu’ils souhaiteraient transmettre ou au contraire ne pas véhiculer à sa descendance.

Il y a donc une réelle prise de conscience entraînant divers craintes et inquiétudes concernant le rôle d’éducateur :

« Au secours Bénédicte, j’ai besoin d’aide »

«  Je pense agir comme ça avec mon enfant parce que mes parents faisaient pareil avec moi »

«  Mes parents n’ont jamais joué avec moi, du coup je ne sais pas comment m’y prendre avec mon enfant »

« Je ne sais pas comment aborder tel sujet avec mon enfant, j’ai besoin de tes conseils Béné… »

A travers mon parcours, mes expériences et mon vécu personnel, je souhaite aujourd’hui sensibiliser mais surtout déculpabiliser les parents issus notamment de la communauté africaine. Faire appel à des professionnels du secteur de l’enfance n’est pas une honte ou le signe d’une mauvaise éducation. Bien au contraire… Cela permettra de renforcer les liens familiaux et donnera ainsi à l’enfant toute l’estime de soi essentielle à son bon développement.

Un proverbe africain dit “qu’il faut tout un village pour élever un enfant”. En citant ce proverbe mon but n’est évidemment pas de déresponsabiliser les parents de leur fonction, et de mettre l’enfant sous l’autorité de toutes autres personnes. Le parent reste et restera la première référence dans la vie d’un enfant. J’invite tout simplement les parents ayant besoin de soutien et d’accompagnement à s’orienter vers des personnes compétentes et bienveillantes sans avoir honte du regard de l’autre. 

« Personne n’éduque un enfant de manière innée. A la naissance d’un enfant, il n’existe pas de manuel transmis automatiquement répondant à la question « comment être parent ». 

Peux-tu nous donner 5 conseils pratiques issues de la méthode Montessori à appliquer au quotidien avec vos enfants ?

Selon Maria Montessori, ” l’enfant n’est pas un vase que l’on remplit, mais une source que l’on laisse jaillir.” L’adulte doit donc être un guide pour l’enfant qui l’oriente selon son potentiel, qu’il aide aussi à développer une bonne estime de soi.

Observer vos enfants. Observer l’évolution de leur personnalité, leur développement (psychomoteur, cognitif, affectif, social, langage) leurs besoins, ainsi que leurs comportements. Ceci afin de savoir quand et comment répondre à leurs attentes souvent inconscientes. 

Créer un environnement sécurisé et où il peut développer le toucher avec sa main. La main de l’enfant est au service du développement de la pensée et de l’intelligence. L’enfant doit pouvoir retrouver ses objets, explorer et s’approprier son environnement.

Favoriser son autonomie. Pour qu’il ait de moins en moins besoin de nous dans son quotidien, il est important de lui montrer les gestes et créer un cadre où il peut s’autocorriger. L’utilisation du matériel autocorrectif aide l’enfant à constater son erreur, à s’autocorriger et cela sans l’intervention nécessaire de l’adulte. 

Le laisser développer son rythme. “Bon allez on se dépêche» ou “Fait vite” sont des expressions que les enfants entendent malheureusement souvent. Des mots pouvant stresser l’enfant dans son quotidien. L’adulte a fréquemment envie de faire à la place de l’enfant car il le trouve trop lent. Or, il fait juste les choses à son rythme. L’important n’est pas le résultat, mais tout le processus lui ayant permis d’accomplir ce qu’il essaye de réaliser. C’est par conséquent en pratiquant qu’il se perfectionnera. A nous donc de revoir notre attitude et de s’imprégner de patience. 

Peux-tu nous donner 5 conseils pratiques à appliquer au quotidien avec nos enfants ?

Prendre soin de soi. Nous sommes responsables de la satisfaction de nos besoins. Prendre du temps pour soi, recharger nos batteries. Ceci est primordiale car une fois nos besoins comblés on est plus serein donc plus patient et à l’écoute de l’enfant. Il faut des parents épanouis pour que les enfants puissent être épanouis.

Être présent pour lui.  Prenez le temps de discuter, jouer, lire une histoire, ou autre…Savez-vous que l’enfant a besoin d’au moins 15 bonnes minutes qualitatives par jour où il partage un moment privilégié et particulier avec son ou ses parents ? 

Maîtriser l’intelligence émotionnelle. Les émotions sont indispensables à la survie de l’enfant. Ainsi accueillir ses émotions, l’aider à nommer ses émotions (“ex: je vois que tu es en colère”) et lui donner l’exemple, lui permettront d’ apprendre à exprimer ce qu’il ressent, à gérer ses émotions puis de tisser  des relations sociales paisibles avec son entourage. 

Avez-vous des perspectives de développement avec la RDC ?

Oui, la jeunesse congolaise a tellement de potentiel. J’aimerais développer la MAISON DES CHOUPIIS dans mon pays d’origine afin de concilier davantage apprentissage et moment de détente dans l’éducation de nos enfants. Je projette aussi de mettre en place des formations sur le thème de la parentalité positive à l’attention des parents, enseignants, éducateurs, globalement toute personne sensibiliser par une éducation bienveillante. Ceci dans le but de partager les outils nécessaires permettant des relations saines et constructives. 

Pour suivre Bénédicte DIANGANI :

Contact mail : lamaisondeschoupiis@gmail.com

Facebook : @ lamaisondeschoupiis

Instagram : @ lamaisondeschoupiis et @ benedictediangani

Téléphone/Whatsapp : 06 15 88 56 63

Propos recueillis par Anne-Sophie Gnaba

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