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Avec environ 80 millions d’hectares de terres agricoles, La République Démocratique du Congo pourrait nourrir toute sa population, ainsi qu’une partie du monde. Cependant, le potentiel du pays n’est pas exploité dans sa globalité. Rui Rodrigues, un jeune entrepreneur dans l’agro-alimentaire à Kinshasa nous explique.

 

L’un des défis de la Nation consiste à réduire le niveau de pauvreté de la population rurale. @mediacongo
L’un des défis de la Nation consiste à réduire le niveau de pauvreté de la population rurale. @mediacongo

 

10%. C’est le faible pourcentage de terres arables cultivées au Congo. Pourtant, le pays peut se permettre d’en faire plus, mais ne semble pas réaliser les capacités fructueuses que peut avoir le secteur agricole. En 2013, Al Gore, l’ancien vice-président des États-Unis , écrit le livre « Le Futur. Six logiciels pour changer le monde » dans lequel il stipule que 48,8% des terres congolaises ont été données aux étrangers. Parmi eux, on compte les Libanais, les Chinois et les Indo-pakistanais. Ces entrepreneurs internationaux travaillent principalement dans la province du Bandundu, là où le potentiel est énorme comme au Bas-Congo. Les autres provinces du pays ne sont pas exploitées, voire même non explorées. « Il y a des endroits ou il n’y a pas d’humains », explique Rui Rodrigues. Dans l’entreprenariat depuis six ans maintenant, il comprend d’où vient ce manque d’intérêt pour la culture.

Rui Rodrigues ( le deuxième depuis la gauche et ses associés. © Rui Rodrigues

De la négligence…

« Le problème c’est la population », déclare l’entrepreneur. Selon lui, Les Congolais pensent que tous les problèmes doivent être résolus par l’État. Ils attendent les solutions et/ou les propositions sans prendre l’initiative de s’intéresser à tout ce que le pays peut offrir. La mentalité de faire de l’argent dans un bureau ou en politique est très présente et répandue, ce qui engendre une négligence de l’agriculture qui est un secteur en voie de développement pouvant assurer un changement économique considérable. L’État joue L’un des défis de la Nation consiste à réduire le niveau de pauvreté de la population rurale. ©mediacongo.net aussi un rôle dans cet état d’esprit. Bien qu’il ait des projets favorables à l’évolution du secteur agraire, il manque encore davantage d’investissement. « Le ministre de l’agriculture est dans un bureau et je ne comprends pas ça. Il n’est pas sur le terrain avec un casquette et des bottes », s’étonne Rui Rodrigues. En fait, le goût pour ce domaine n’est pas mis en valeur, alors les Congolais n’y voient pas d’intérêt. Pour remédier à cela, il faut leur donner envie, leur expliquer et les former. C’est le challenge que s’est lancé le jeune homme.

…À une prise en main

Nettoyage de manioc par les mamans. © Rui Rodrigues

Congo Bio Food est l’entreprise de Rui Rodrigues. Son pari est de répondre aux besoins de Kinshasa, limiter les carences alimentaires et faire des bénéfices. Pour se faire, il s’intéresse au manioc et au maïs qui font partie de la culture de base; ce sont des produits que l’on peut dériver en semoule, par exemple. Les déchets peuvent être revendus pour les brasseries et le bétail. C’est dans la commune de Maluku qu’il travaille en privilégiant les Congolais plutôt que de ramener une expertise. « On fait en sorte qu’ils ne soient pas délaissés. On leur assure une rémunération, on les initie au monde du travail et on leur garantit un toit ». Ce dernier point est essentiel puisqu’ils sont habitués à une agriculture de subsistance; ils ne commercialisent pas. Collaborer avec eux est très bénéfique pour l’entrepreneur puisqu’ils connaissent les terres arables avec précision et sans base scientifique. « Une fois on m’a dit que si je plantais du manioc sur [une certaine partie] de terre, ça serait amer. On a donc fait un test et en effet, c’était amer ». Ce savoir se transmet lors de conférence et de formation aux futurs agriculteurs et entrepreneurs. Les locaux partagent en s’exprimant en lingala et donnent des conseils pour créer des engrais naturels, et faire des mélanges d’aliments.

Et on en parle

Le secteur agraire, point majeur pour l’économie du pays, va être l’une des thématiques de la quatrième édition de  « Congo Na Paris ».

À cette occasion, des conférences et des discussions auront lieu afin de mettre en avant les possibilités et les actions possibles au niveau de l’agriculture. Tout comme les Congolais, la diaspora doit réaliser le potentiel que possède la République Démocratique du Congo

 

Nicky KABEYA

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