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Inspiré d’une histoire vraie, « La Haine » de Matthieu Kassovtiz retrace l’une des pires bavures policières. Le 6 avril 1993, Makomé M’Bowolé, jeune Zaïrois, âgé de 17 ans est tué d’une balle dans la tête par le policier Pascale Compain. Ce drame se déroule dans un commissariat du 18e arrondissement de Paris, en pleine garde vue.

Rappel des faits

Légende : Emeute suite au meurtre de Makomé / Libération

Arrêté dans la nuit du lundi 5 au mardi 6 avril, avec deux autres jeunes pour possession de cartouches de cigarettes présumées volées. Makomé M’Bowolé est placé en garde à vue. Interrogé toute la matinée par l’inspecteur de police Pascal Compain, le jeune garçon devrait finalement être libéré dans l’après-midi. Durant l’interrogatoire, le policier tente d’obtenir des aveux sur le vol de vingt paquets de cigarettes, mais en vain. Assis sur une chaise, dans le bureau du policier, Makomé attend sa sortie lorsque d’un coup l’inspecteur lui écrase le canon de son arme de service sur l’arcade sourcilière.16h30, assassinat du jeune adolescent, le policier lui tire une balle en plein crâne. Ce meurtre a eu lieu en plein commissariat. La population dévastée, manifestera dans les rues suite à l’assassinat de Makomé. Des émeutes éclateront pendant plusieurs jours. L’histoire de Makomé fait écho à celle d’Adama Traoré, 24 ans, mort dans des conditions étranges suite à l’interpellation des gendarmes ou encore l’affaire Théo, 22 ans, violé et tabassé par la police. Cela montre que les injustices et les bavures policières se perpétuent 25 ans après le drame Makomé.

Verdict : huit ans de prison pour avoir tué Makomé

« Merci la justice française ! Merci la République ! » C’est le cri qu’on entendra à la fin du verdict. Il a seulement fallu 1h30 de délibération. Selon la cour d’assises de Paris, l’inspecteur de police Pascal Compain n’a pas souhaité tuer Makomé M’Bowolé. L’inspecteur a donc été condamné à huit ans de réclusion criminelle, bien que le parquet avait requis au moins dix années. Tirer une balle en plein crâne sur un mineur n’a malheureusement pas suffi pour être arrêté pour meurtre. Pascal Compain, celui qui a tiré sur Makomé n’a donc pas été condamné pour meurtre mais pour « violences volontaires avec arme ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner. »

Face à une telle sentence, c’est l’incompréhension chez la famille de la victime. Si les neuf jurés, eux, ont affirmé que l’accusé n’était pas coupable, la famille de la victime est abattue face à un tel assassinat. « Quand on est Noir et qu’on vole un paquet de cigarettes, on mérite la peine de mort. Quand on tue un jeune voleur de cigarettes et qu’on est blanc, on retourne juste un peu en prison » déclare le père de la victime. Les proches de Makomé, présents au procès espéraient que « justice soit faite ». Malheureusement, la justice en aura décidé autrement.


Légende : Des policiers en civil charge des manifestants qui protestent après la mort du jeune Makomé dans un commissariat du 18ème arrondissement à Paris/ Libération 1993

« La Haine » de Mathieu Kassovitz jugé comme visionnaire

« Je veux faire un film dessus », déclare Mathieu Kassovitz le jour même des émeutes au futur producteur de son film, Christophe Rossignon. Mathieu Kassovitz, alors âgé de 27 ans décide de mettre en lumières les dérives policières et la réalité des banlieues, il réalise alors « La Haine », un film inspiré du drame arrivé à Makomé M’Bowolé. Ce long métrage sorti en salles françaises le 31 mai 1995 recevra le prix de la mise en scène au Festival de Cannes. Il obtient également le César du meilleur film en 1996. Le film tourné à Chanteloup-les-Vignes enregistre près de 2 millions d’entrées et il sera diffusé dans trente pays.

Ce long-métrage en noir et blanc en plein cœur de la banlieue retrace le parcours de trois jeunes banlieusards joués par Vincent Cassel, Saïd Taghmaoui et Hubert Koundé. Ces trois jeunes banlieusards vont vivre une journée pas comme les autres, après le « passage à tabac d’Abdel Ichah par un inspecteur de police lors d’un interrogatoire ». La bande originale du film est composée par les groupes de rap les plus connus de cette époque : Le Ministère A.M.E.R, NTM et IAM.

Pendant les émeutes de 2005, le film reviendra sur le devant de la scène. « Jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici tout va bien… L’important, c’est pas la chute. C’est l’atterrissage» l’une des répliques culte du film de Kassovitz aura transcendé les générations. « La Haine » est qualifié comme étant visionnaire parce que dix ans plus tard, la situation des banlieues est dans le même état. Le 27 octobre 2005, Zyed et Bouna, deux adolescents se retrouvent électrocutés dans un transformateur EDF en cherchant à échapper à un contrôle de police à Clichy-sous-bois. Leurs morts ont déclenché des émeutes dans la France entière. Des jeunes se sont révoltés pour exprimer leur mécontentement face aux méthodes inappropriés des policiers en espérant un jour, mettre fin aux violences policières.

Retrouvez l’intégralité du film sur Youtube qui a toujours autant la cote. Fin avril 2018, la marque Supreme prépare une collaboration avec l’affiche du film “La Haine” pour une collection capsule.  L’un des acteurs principaux Saïd Taghmaoui l’a indiqué sur ses reseaux sociaux. On a hâte de voir le résultat. 


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