Tonga Mboka...

Propos recueillis par Anne-Sophie Gnaba.

Couple Tshipama

Mariés depuis 18 ans et parents de 3 enfants, ce couple charismatique et chaleureux ne connait aucune frontière. En effet, nés en RDC, leurs parcours les ont amenés dans plus de 45 pays dans le monde (à vivre dans 13 pays). 

Mireille et Jean-Claude Tshipama, à travers cet interview, nous délivrent un message d’espoir démontrant que le succès est possible, à condition d’avoir confiance en Dieu, de ne pas avoir peur de quitter ce qu’on connait, de saisir les opportunités et travailler dur, sans pour autant négliger la vie familiale. 

Jean-Claude Tshipama est le PDG Broadband chez Eutelsat en charge de l’Afrique. Il a pour mission  d’assurer le déploiement de l’activité internet haut débit par satellite d’Eutelsat dans toute l’Afrique. Mireille Mpere épouse Tshipama est la Designer en chef et co-fondatrice de la société de mode Zympala. Elle a notamment habillé l’épouse du Premier Ministre du Québec, plusieurs députées fédérales du Canada et plusieurs femmes chef d’entreprise ou la chanteuse congolaise Dena Mwana à titre d’exemple. 

Portrait croisé d’un couple inspirant.

 Bonjour Mireille et Jean-Claude Tshipama, pouvez-vous nous présenter vos parcours professionnels étonnants ?

 Mireille Mpere. Je suis une « Passionnée » de la mode et de couture depuis mon très jeune âge. J’ai donc orienté mes études dans le design et la couture dès le secondaire. Avec nos multiples voyages, j’ai commencé à travailler à mon compte. Lorsque nous avons aménagé au Canada, j’ai fait une licence de gestion industrielle de la mode. J’ai aussi eu un certificat en entreprenariat de l’école HEC Montréal. Je suis désormais à la tête des collections Zympala ; une entreprise qui crée des vêtements haut gamme, urbains, et tout confort pour homme et pour femme. La source d’inspiration de ces vêtements est tirée de l’histoire, de la géographie ou de la culture africaine. Zympala est aujourd’hui commercialisée 16 pays. 

  Jean-Claude Tshipama. Je possède une licence en administration des affaires et les sciences économiques de l’Université Protestante au Congo (UPC en sigle). En 2001, j’ai commencé à travailler d’abord comme auditeur à la Cour des Comptes de la RDC ensuite, je suis allé dans le secteur des Télécommunication en tant que représentant des ventes tout au bas de l’échelle. J’y ai gravi les échelons jusqu’à devenir directeur commercial (Commercial Manager).

 

Par la suite en 2006, j’ai travaillé pour le groupe Digicel Caraïbes en tant que directeur des ventes et de la distribution en Jamaïque et en Haïti. Basé à Dakar au Sénégal puis à Abidjan en Côte d’ivoire, j’ai travaillé pour Microsoft corporation, en qualité de directeur de la distribution commerciale en charge de dix-neuf pays francophones. Ensuite, je suis parti en Australie comme Directeur des ventes pour Digicel Pacifique. 

En 2012, je suis revenu en RDC chez Canal+. Comme Directeur Général, j’ai lancé la société dès le début dans le pays jusqu’à près de 100 millions $ de chiffres d’affaires service et équipements. J’y ai recruté et formé plusieurs équipes dont certains font ma fierté et sont devenus sont devenus DG au Burkina Faso, au Cameroun, au Congo Brazzaville, en Côte d’ivoire, au Gabon et même en RDC. 

En 2016, après mon retour à l’université McGill et à HEC-Montréal, j’ai obtenu mon « Exécutif Master of Business Administration (MBA) ». Toujours en 2016, Mireille et moi avons lancé l’entreprise Zympala. Depuis 2018, je suis le PDG (CEO)Broadband Africa au sein du groupe Eutelsat SA.

Est-ce la vie dont vous rêviez ?

Jean-Claude Tshipama. Bonne question. Ça va paraitre dans mon prochain livre sur « les conséquences de la bénédiction ». On prie pour avancer dans sa carrière, pour gagner plus d’argent, mais la question qu’il faut se poser c’est qu’est-ce que cela implique ? Il faut arriver à gérer la complexité, à gérer son temps, à voyager beaucoup, à travailler sur plusieurs fuseaux horaires, … Ceci n’était pas imaginable un seul instant il y a 20 ans. 

Par exemple, il m’arrive en 30 jours de jongler 5-7 jours à Paris, 4-5 jours à Montréal, 4-5 jours à Kinshasa, 2 jours à Abidjan, 2 jours à Lagos, 2 jours à Johannesburg, 2 jours à Turin, et ça tourne en fonction des besoins et priorité business. 

Dieu merci, pour chaque expérience, Dieu nous prépare d’une manière inconsciente à la suivante. Ainsi, lorsque la charge de travail augmente, on se sent privilégier d’avoir le Saint-Esprit comme conseiller et allié de tous les jours. 

Mireille Mpere. Tout a commencé à petite échelle. Dès les premières années de notre mariage, Jean-Claude a commencé à voyager dans les provinces de la RDC : Lubumbashi, Kisangani 2-3 jours puis il revenait à la maison. Moi, je restais avec notre premier bébé et ma famille. Dieu nous a préparé à toute petite échelle, étape par étape. Et maintenant, ces voyages ont pris une ampleur incroyable. Mais ce n’est pas aussi lourd sur nos épaules car nous avons été préparés et formés depuis très jeunes. Heureusement que Dieu nous donne la capacité.

Naitre au Congo, un avantage ou un inconvénient pour avoir ce type de carrière internationale ?

Jean-Claude Tshipama. C’est un gros avantage. Je suis fier d’être à 100 % congolais. Je tiens à dire qu’il faut être fier de ses origines. Le fait d’être né et avoir étudié au Congo fait que j’ai une dimension locale en Afrique. Je comprends les codes, les langues. Je parle d’ailleurs les 4 langues nationales de la RDC et j’ai vécu dans ses différentes provinces. Ensuite, le fait d’avoir vécu en Europe, en Australie, aux États-Unis et d’autres pays fait qu’on a une compréhension de l’occident sur un plan culturel et professionnel et sur les exigences que ça implique. Ces atouts sont un avantage dans la façon dont j’appréhende le business. Il ne faut pas avoir de complexe ni par rapport à son pays d’origine, ni par rapport à son niveau d’études. Au contraire, c’est un privilège.

Mireille Mpere. Naitre au Congo nous a donné cette ouverture. On arrive à s’adapter très facilement. Que ça soit pour nous deux au niveau professionnel, et aussi bien nos enfants dans leur parcours scolaire. On s’intègre et on fonce directement. On s’implante et on arrive très vite à avancer.

Quel savoir avez-vous acquis à travers ces expériences dans ces divers pays ?

Jean-Claude Tshipama. On a bien compris la notion de globalisation. On a vu différentes manières de vivre, de se comporter, nous connaissons maintenant de nombreux codes sociaux et langues. Pour nous, c’est une richesse, un cadeau du ciel. Maintenant, je sais agir, communiquer comme un ivoirien avec un ivoirien, je suis capable de le comprendre, pareil pour un tanzanien, un français, un québécois, un américain, un togolais. Sur le plan du business, c’est donc un trésor et car cette capacité d’adaptation et de compréhension de cultures diverses nous fait gagner du temps.

Mireille Mpere. Avec Jean-Claude on voit maintenant le fruit du travail du Seigneur dans nos vies en regardant à l’histoire qu’il a écrit depuis le début dans notre famille. Il nous a pris, il nous a amené là où nous sommes aujourd’hui. C’est son fruit. On n’a pas été pressé. On a juste apprécié chaque étape et chaque pays. Quand nous étions en Haïti, en Côte d’Ivoire, on a vécu comme les locaux.

Jean-Claude Tshipama. Les gens ont du mal maintenant à détecter mon origine ou mon accent tant nous arrivons à nous intégrer à différents groupes !

Mireille Mpere. A travers ce parcours, nous avons désormais des amis, des connaissances de nombreux pays. Nous bénissons Dieu pour ce parcours.

Quels conseils donneriez-vous pour réussir sa carrière professionnelle tout en conciliant vie de famille ?

Mireille Mpere. La persévérance et la patience contre vents et marrées. Lorsqu’on arrivait dans un nouveau pays, on ne connaissait personne mais on a appris chaque culture.

Jean-Claude Tshipama. Il faut avoir de l’ambition enrobée de la grâce de Dieu. Être capable de faire un inventaire de ses capacités et de ses savoir-faire d’abord. 

Ensuite, il faut arriver à se projeter dans l’avenir pour garder sa motivation ; car tant que vous ne connaissez pas votre destination, il vous sera difficile de calibrer votre motivation à chaque étape de votre parcours. 

Il faut Être extrêmement discipliné : être professionnel, ponctuel, disponible pour ses collègues et pour son patron. Puis, il vous faudra être courageux. Au début de ma carrière internationale, lorsque j’ai quitté la RDC pour la Jamaïque, je n’ai pas hésité à démissionner de mon poste de Direction en CDI vers une destination complètement inconnue en CDD. Je suis en plus parti seul pour commencer. Donc pour résumer, il faut savoir où on veut aller, ne pas se laisser intimider par la peur, oser et prêt à payer le prix. Savoir compter sur Dieu en lui faisant 100% confiance

Mireille Mpere. J’ajouterai un mot sur le couple. L’un se sacrifie pour l’autre. Notre force, c’est qu’on se comprend et se complète. J’étais sa compagne d’œuvre dès le début. J’avais à cœur d’avoir ma marque de vêtement, je savais que je voulais créer mon entreprise. Mais je ne me suis pas éparpillée. J’ai joué d’abord mon rôle d’épouse et de maman auprès de ma famille et travailler entretemps à temps partiel à la maison pour garder l’équilibre familial

Jean-Claude et moi, nous nous sommes toujours soutenus. Maintenant que nos enfants sont assez grands, ils participent activement dans toutes nos activités. On les amène dans chaque étape de nos vies.


 

Jean-Claude Tshipama. C’est pourquoi en 2016, j’ai démissionné de mon poste de Directeur général chez Canal + pour soutenir Mireille et l’aider à lancer Zympala. Mon départ de Canal+ a été vivement critiqué ; vécu par plusieurs comme un scandale, une décision irréfléchie ! On me disait que j’étais fou. Mais j’avais une telle paix et assurance en moi. Puis, une fois Zympala lancée, un jour, j’ai reçu un coup de téléphone d’Eutelsat pour devenir CEO. Je sais que cette opportunité m’a été donnée par Dieu parce que j’ai pris le temps d’honorer ma famille et d’aider ma femme au temps marqué. Je ne pouvais pas imaginer les possibilités que j’ai maintenant grâce à ce nouveau poste. Dieu m’a récompensé. La gloire de Dieu doit être déversée/partagée sur toute la famille. C’est très important d’avoir cette alchimie familiale.

Comment arriver à faire du business ensemble en tant que couple en 5 points ?

Jean-Claude Tshipama et Mireille Mpere.

① il faut reconnaitre la grâce de Dieu qu’il y a sur chacun, les forces et les points d’amélioration pour avancer ensemble

② il faut une vision et destination commune

③ une discipline, nous par exemple, chacun à son bureau, nous sommes stricts pour distinguer vie professionnelle et vie familiale

④ des rôles bien définis, chacun sa place dans l’entreprise, elle est à la direction artistique et moi je suis concentré sur la gestion

⑤ le sens du sacrifice, c’est à dire, savoir renoncer à certains plaisirs pour pouvoir investir et tenir financièrement pendant la réalisation d’un projet

Quels conseils donneriez-vous spécifiquement à une femme mariée qui voudrait entreprendre ?

Mireille Mpere. Croire en soi. 

Jean-Claude Tshipama. Le potentiel dans les femmes est là. Tout commence par un rêve. Mais, J’ai remarqué que les femmes en général doutent beaucoup de leurs capacités et de leur savoir-faire. J’encourage les femmes à travailler sur l’estime de soi. Au Canada, on a par exemple pour ça des programmes spécifiques pour les femmes afin de régler cette problématique. Il faut aussi savoir s’entourer pour faire face à l’adversité. C’est important pour ne pas se décourager. Il faut un accompagnement multiforme. Il faut trouver des alliés qui vont vous aider à accomplir votre rêve.  Et surtout, il ne faut pas avoir peur. 

Mireille Mpere. Lorsque j’ai fondé Zympala, j’avais tellement peur. Au début, je préférais attendre en me disant qu’il était mieux d’avoir toutes les cartes sous la main. 

Jean-Claude Tshipama. Mais il fallait attendre à cause de la peur, Zympala n’aurait jamais vu le jour ! 

En plus de la dimension business, vous êtes aussi philanthrope avec la fondation Zympala ? Pouvez-vous nous parler de votre fondation ?

A travers nos différents voyages, nous avons eu à cœur de penser aux jeunes filles très vulnérables qui étaient sans ressources face à la maladie, la prostitution. Notre équipe de professionnels les encadrent dans leur scolarité, leur foi, et leur fournissent aussi une aide matérielle grâce à cette fondation.

 

Que peut on vous souhaiter pour la suite ?

Que les desseins de Dieu s’accomplissent. Il y a que Dieu qui connait la suite. Qu’il continue à nous utiliser.

Pour en savoir plus 

Site internet de la société Zympala : http://www.zympala.com

Instagram : @zympala 

Site internet de la fondation Zympala : https://zympala.com/fr/la_fondation/

Pour nous suivre  

Facebook : @tshipamamireille  et  @tshipamajeanclaude 

Twiter : @jctshipama

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